École élémentaire Jean Jaurès
Saint-Rémy-lès-ChevreuseDate | Livré en 2024 |
Programme | Réhabilitation et extension d’une école élémentaire |
MOA | Ville de Saint-Rémy-Lès-Chevreuse (78) |
Mandataire | Febrer-Rousseau (Architecte Mandataire) |
Équipe | KARGAUD INGENIERIE (Fluides, Thermique, Economie), IPC (Structure), TERABILIS (Paysagiste) |
Mission | Base, CSSI |
Surface | 720 m² rénovation + 430 m² extension + 1035 m² aménagements extérieurs |
Budget | 2,8 M € HT (2 430 € HT/m²sdp) |
Détails | Zone inondable, naturalisation des berges de l’Yvette, charpente bois, cours désimperméabilisées |
Entreprises | GeoTP, Helios, Sorbat, H2 Bâtiment, Les Artisans Bâtisseurs, TBES, Mugo paysage |
Photos | Aurélien Chen |
En 1948, il manque en France 5000 écoles neuves. Face à l’urgence, l’état décide de créer des écoles de type standard, constituées de petits pavillons au toit en pente, qui seront « assez peu caractérisés pour ne choquer dans aucune région ». C’est à la suite de ce choix politique que l’école Jean Jaurès est construite en 1955. Deux « pavillons-école » standards, que l’on retrouve dans plusieurs communes d’Île de France, sont construits sur des terres maraichères à la confluence de deux cours d’eau, juste derrière l’ancienne mairie-école construite en 1880. Le reste du terrain est recouvert de bitume pour la cour. Avec le temps les bâtiments sont devenus trop petits et trop déperditifs. Avec le changement climatique et l’artificialisation non maitrisée des bords de rivière en amont, l’école se situe désormais en zone inondable. Enfin l’image de pavillon de l’école n’est plus en phase avec la ville qui s’est développée et densifiée autour. C’est pour ces raisons que nous avons été sollicités pour adapter, étendre et rénover les bâtiments, désimperméabiliser à 100% les cours et faire de l’école un élément structurant du projet « cœur de ville » porté par la commune.
De la même façon qu’une espèce s’adapte aux changements d’environnement, nous avons choisi d’opérer sur l’école Jean-Jaurès une mutation darwinienne de son architecture. Les extensions nécessaires à l’accueil du programme demandé prolongent et reconnectent entre elle les unités standard d’origine pour ne former plus qu’un seul organisme ce qui améliore grandement le fonctionnement de l’école. L’école se reconnecte aussi à l’espace public en s’implantant directement en limite de parcelle. Cette nouvelle façade sur rue donne à l’école sa stature d’équipement. C’est grâce à elle que l’école peut dialoguer avec le complexe sportif C3M et avec l’église. Côté cour, une bande de terrain est restituée pour naturaliser les berges et prolonger les promenades piétonnes existantes le long des cours d’eau. Pour résister aux inondations, les rez-de-chaussée sont réhaussés au-dessus du niveau des plus hautes eaux connu et les cours sont désimperméabilisées à 100%. Deux cours sont aménagées : une cours oasis non genrée au sud et une cour pédagogique avec classe nature et potager au nord. Les nombreuses rampes qui relient le niveau des cours au niveau hors d’eau de l’école font sinuer sans cesse la ligne de pied du bâtiment entre ces deux plans. Les extensions sont réalisées en toitures terrasse tandis que les toitures en pente des unités standard d’origine sont conservées. L’ensemble donne au bâtiment une silhouette atypique. La ligne de crête du bâtiment retrace son histoire et reflète la mutation en cours de la commune. Pour faire face au changement climatique, l’école est recouverte d’une peau unique en écailles de terre cuite qui isole et protège l’ensemble des façades. Tous les détails de la façade s’effacent au profit des lignes de crètes et de pied du bâtiment. Seul le préau fait exception, creusé dans la façade, il marque l’entrée de l’école. Dessiné comme une pièce de vie à part entière, il est traité avec le même soin que les espaces d’accueil intérieurs dont il est le prolongement. Immédiatement adopté par les usagers de l’école, il a été baptisé du nom d’un ancien directeur de l’école « Frankie SAMSON ».
La gangue de terre cuite qui entoure le bâtiment change d’aspect tout au long de la journée selon l’orientation du soleil. A l’usage, le jeu des transparences entre préau, hall d’accueil et bibliothèque déjoue l’impression première de massivité du bâtiment. Les ressauts de la ligne de pied du bâtiment parlent de changement climatique tandis que les ressauts de sa ligne de crète racontent l’histoire de l’école. Entre ces deux lignes, les façades nacrées ont été simplifiées à l’extrême, gouttière cachées, suppression d’avant-toit, porte sous tenture... Elles ne sont plus que le faire-valoir des espaces paysagers exceptionnels environnants, cours pédagogique, cours oasis, parc, berges du Rhodon et de l’Yvette. On regrette seulement le choix de la mairie d’avoir opacifié, pour raison de sécurité, la clôture des cours le long des berges. Mais ces éléments sont démontables. A bon entendeur…